Les sans-papiers au Luxembourg:

au-delà des préjugés et des fantasmes

3. Profil des personnes en situation de séjour irrégulier

Les personnes en situation de séjour irrégulier ne sont pas un groupe homogène. En effet, bien que leur statut administratif soit similaire, elles ont souvent des parcours différents. Ce sont donc des personnes ayant un parcours migratoire, une situation familiale, une situation socio-économique, un niveau d’éducation et des origines très diverses.

Avec plus de 40 ans de travail de terrain,
l’ASTI identifie principalement 5 types de parcours

1. Les personnes qui ont déjà eu un droit au séjour mais qui l’ont perdu

Le droit de séjour est en principe lié à quelque chose ou à quelqu’un. Pour un ressortissant de pays tiers, il faut une “bonne raison” pour pouvoir avoir le droit de séjourner au Luxembourg. Si cette raison cesse d’exister, le droit de séjour peut être retiré, voire non renouvelé. Il peut s’agir d’un travail, d’études ou d’un membre de famille par exemple. Une personne qui est venue au Luxembourg dans le cadre d’un travail et qui, suite à la perte de ce travail souhaite rester au Luxembourg, risque de se retrouver sans autorisation de séjour.

2. Les personnes déboutées du droit d’asile

Les personnes qui demandent la protection internationale au Luxembourg, mais qui n’obtiennent pas une décision favorable, doivent quitter le territoire endéans 30 jours. Or, souvent, les demandeurs de protection internationale attendent une décision depuis des mois, voire des années… ils ont déjà créé des liens au Luxembourg. Quand il s’agit de familles, les enfants sont déjà scolarisés au Luxembourg. Il n’est pas rare, que les personnes n’aient nulle part où retourner, ayant tout abandonné dans leur pays d’origine. Si ces personnes décident de rester au Luxembourg malgré le refus de la Direction de l’Immigration de leur accorder la protection internationale, elles se retrouvent sans autorisation de séjour.

3. Les personnes qui sont restées au-delà de la validité de leur visa de courte durée

Avec un visa Schengen de courte durée ou avec une exemption de visa pour une durée de 90 jours, les ressortissants de pays tiers peuvent se rendre en Europe pour une visite touristique ou familiale de courte durée. Certaines personnes restent au-delà de la période autorisée en espérant pouvoir vivre et travailler au Luxembourg. Comme toute demande pour une autorisation de séjour doit toujours être formulée avant l’entrée sur le territoire luxembourgeois, ces personnes se retrouvent sans autorisation de séjour et donc en situation de séjour irrégulier

4. Les personnes qui ont déjà eu une autorisation de séjour dans un autre pays européen

Nombreuses personnes issues d’Etats tiers à l’UE résident en Europe depuis plusieurs années et détiennent une autorisation de séjour dans un autre Etat membre de l’Union européenne. Contrairement à la libre circulation dont bénéficient les citoyens européens, l’autorisation de travail qui peut être accordée à ces ressortissants d’Etat tiers par un Etat membre ne leur donne pas le droit de travailler dans un autre Etat membre de l’UE.

5. Les personnes qui sont entrées en Europe clandestinement

Certaines personnes n’ont pas accès aux visas de courte durée ou aux autorisations de séjour, car elles ne remplissent pas les nombreuses conditions requises. Les voies d’immigration régulière sont réservées à une petite partie des personnes vivant en dehors de l’UE. L’extrême pauvreté et le manque crucial d’information sur les conditions réelles du périple poussent le plus souvent les migrants à prendre des risques et traverser les frontières clandestinement. Cela signifie souvent mettre en péril leur vie, être la proie de passeurs, traverser de longs déserts et la mer méditerranéenne. Ceux qui réussissent à arriver en Europe en vie se retrouvent souvent sans possibilité de régularisation en Europe et tendent à essayer de travailler et survivre dans plusieurs pays européens.

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4.1 Vivre sans autorisation de séjour: Akhil
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