Pour l’énième fois, les résultats du Luxembourg dans l’étude PISA confirment ce que empiriquement toute la communauté scolaire et les acteurs du secteur éducatif savent depuis plus de 40 ans: les élèves avec un statut socio-économique défavorisé et ceux avec une origine migratoire réussissent moins bien dans le système d’enseignement luxembourgeois que les élèves des couches sociales favorisées et ceux sans contexte migratoire.

Puisque le constat n’est pas nouveau, nous pourrions nous attendre à des nouveautés dans les réponses à donner de la part du Ministère de l’Éducation. Or, celui-ci invoque comme excuse que l’étude PISA ne tient pas compte de l’hétérogénéité de la population des élèves au Luxembourg.

L’ASTI pose alors la question: est-ce que le système d’enseignement luxembourgeois tient compte de l’hétérogénéité de la population d’élèves ? Les différentes études PISA et le rapport national sur l’éducation au Luxembourg de 2018, réalisé par l’université du Luxembourg et le SCRIPT, démontrent clairement que non. Ainsi ce dernier rapport dit: « La diminution des possibilités offertes aux défavorisés et l’augmentation des possibilités offertes aux privilégiés se traduisent par une augmentation des inégalités sociales/de classe(…)». Le même rapport démontre aussi à nouveau, qu’il existe des écarts énormes dans l’orientation des élèves issus d’un contexte migratoire et ceux sans origine migratoire : les premiers sont en large majorité orientés vers l’enseignement « technique » et les deuxièmes majoritairement vers l’enseignement « classique ».

Il serait plus que temps pour toute la communauté scolaire, qu’elle prenne conscience des conséquences d’une telle situation. Pendant plus de quatre décennies, sauf à quelques rares exceptions près, les acteurs du secteur ont fait l’autruche et laissé les inégalités se reproduisent davantage. Au lieu d’avancer par des réformettes et par une diversification accrue au secondaire, ne serait-il peut-être pas plus judicieux de centrer les efforts sur l’enseignement fondamental. Enseigner au primaire comme si nous n’avions à faire qu’à des enfants luxembourgeois de milieu favorisé, aborder l’apprentissage des langues comme si les élèves étaient un groupe homogène, alphabétiser en langue allemande alors que les enfants n’ont pas suffisamment de connaissance du luxembourgeois, submerger les enfants avec de devoirs à la maison, n’offrir que des surveillances des devoirs dans les maisons relais alors que les enfants surtout de milieux défavorisés nécessitent un soutien individualisé dans leurs efforts scolaires … toutes ces questions attendent depuis des années des réponses courageuses.

Voulons-nous former des générations frustrées de jeunes ne pouvant pas accomplir leur rêve d’aller le plus loin possible dans leur parcours scolaire ?

Pour l’ASTI l’égalité des chances ne doit pas rester lettre morte !

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