Sans avoir à remplir de conditions supplémentaires, tous les résidents étrangers au Luxembourg peuvent voter aux prochaines élections communales s’ils se sont inscrits avant le 17 avril sur les listes électorales au bureau de la population de leur commune ou en ligne via myguichet.lu.
Les barrières de séjour ont été levées et les procédures administratives simplifiées, mais peu d’étrangers connaissent leur droit de vote aux élections communales !
De nombreuses communes ont envoyé une lettre d’information personnelle à leurs résidents étrangers – tant mieux ! Malheureusement et dans certains cas, ces lettres ont également été adressées à des personnes déjà enregistrées, ce qui a naturellement semé la confusion.
En outre, un certain nombre d’étrangers qui se sont inscrits en ligne n’ont pas toujours reçu de leur commune la confirmation de leur inscription, ce qui accroît l’incertitude.
Des multiplicateurs, dont certains représentent des communautés étrangères respectives, ont été formés pour inciter activement leurs compatriotes à s’inscrire. Pourquoi les enseignants du secondaire (enseignants des cours vie et société et histoire par exemple) les fonctionnaires des communes et des administrations ou les élus communaux n’ont-ils pas aussi été formés en tant que multiplicateurs ? Pourquoi laisser essentiellement aux étrangers cette tâche, alors que cela nous concerne tous ?Avec un concept de formation élargi, le réseau de multiplicateurs volontaires et majoritairement étrangers aurait pu être renforcé par des centaines de Luxembourgeois
Des centaines de bénévoles membres des commissions communales d’intégration ou d’associations issues de l’immigration, ainsi que les membres du CNE tentent, avec le soutien du Ministère de la Famille et de l’Intégration, voire de leur commune, de gagner de nouveaux électeurs étrangers avec des stands d’information, lors de festivals ou de manifestations, au sein des cours de langue ou à d’autres occasions.
Ils agissent souvent seuls, peu de représentants du monde politique semblent se sentir concernés. Quelques élus et partis s’engagent ouvertement dans la campagne d’inscription des étrangers aux élections communales mais l’engagement des politiques dans la campagne se limite, pour la grande majorité, à quelques apparitions et discours symboliques devant des publics ciblés et déjà convaincus.
Face à la réalité démographique, nos politiques demeurent-ils convaincus de la légitimité de leur mandat ? Malheureusement aucun doute ne semble les effleurer.
Avec une moyenne nationale de 50% de résidents étrangers dans les communes, la représentativité légitime des conseillers communaux issus des élections communales du 11 juin est en jeu, sans parler du manque flagrant de candidats étrangers ! Notre système démocratique ne peut fonctionner que si sa base électorale est représentative de l’ensemble de la population.
Des lettres envoyées aux étrangers résidents, des stands d’information, des clips vidéo et des dépliants ne suffisent pas ! On voit bien trop peu d’affiches dans les moyens de transport bus, tramway, chemins de fer ; rien ou trop peu dans les salles de sport, les piscines, les centres culturels, les écoles et les maisons relais. Pratiquement aucune publicité pour s’inscrire à la radio, à la télévision ou sur les réseaux sociaux. De plus, les quelques affiches placardées et appelant à s’inscrire, avec des messages en luxembourgeois, sèment la confusion chez des Luxembourgeois non avertis, sont peu, voire pas, compréhensibles pour les résidents étrangers visés et véhiculent un message brouillé et confus. Si nous avions communiqué aussi mal sur le Covid-19, les consignes n’auraient guère été entendus.Peut-être une campagne à grande échelle est-elle encore prévue jusqu’à la date butoir du 17 avril. Mais du fait des vacances de Pâques, le temps presse !
Les messages incitant à s’inscrire sur les listes électorales doivent être sans cesse répétés et visibles, à chaque coin de rue, dans chaque édifice public, à chaque occasion et par tous. Les campagnes d’inscription ne doivent pas uniquement avoir lieu au cours d’une année électorale, mais doivent être menées et adaptées en permanence. Elles font partie d’une politique d’accueil nationale active, visant à accueillir les nouveaux résidents étrangers et à les inciter à participer en les sensibilisant.
Il est évidemment possible que de nombreux étrangers ne soient pas intéressés par leur droit de vote, une tendance qu’on observe dans de nombreux pays démocratiques, particulièrement chez les jeunes.
Mais le nombre décevant d’étrangers inscrits conforte surtout ceux qui sont convaincus que les étrangers ne veulent de toute façon pas s’intégrer dans notre société. Bien que ce nombre ne constitue que le résultat prévisible et inévitable d’une politique qui s’est trop longtemps et trop peu intéressée aux questions du Vivre-ensemble. La preuve en est le manque d’accents politiques sur ces questions dans les programmes électoraux et le peu de candidats étrangers pour les prochaines élections communales. Consciemment ou inconsciemment, nous faisons tout pour que le résultat soit exactement celui auquel nous sommes confrontés.
Au Luxembourg, où vivent près de 50% de résidents étrangers, il faudrait donner un vrai coup de pouce à la participation des étrangers aux élections communales. Les Luxembourgeois sont inscrits d’office sur les listes électorales. Pourquoi ne pas inscrire automatiquement tous les nouveaux résidents étrangers, en leur signalant qu’il leur suffit de se désinscrire s’ils n’entendent pas participer au vote ? Une procédure simple qui nous rapprocherait de la démocratie à laquelle, il faut le souhaiter, nous aspirons.
ASTI asbl