Une situation de crise fragilise toujours plus ceux qui se trouvent dans une situation précaire. Ceci se vérifie aussi dans le cadre de la pandémie du coronavirus que nous sommes en train de vivre.
La situation de l’emploi au Luxembourg[1], qui vient d’être publiée le 12 mars, nous indique qu’il y a une population de travailleurs intérimaires qui s’accroit d’année en année. Ces travailleurs, au nombre de 2.500 si on considère les seuls résidents sur les 4 dernières années, constituent un des groupes de les plus exposés aux conséquences économiques négatives générés par la situation actuelle, leur occupation étant intimement liée à l’activité économique des entreprises.
S’ajoute le groupe des locataires de chambre dans les cafés/restaurants. Il est constitué essentiellement de migrants, souvent nouveaux arrivants dans notre pays. Faute d’une politique d’accueil en accord avec le modèle de croissance au Luxembourg, ces travailleurs sont obligés de se loger dans des conditions précaires, en se partageant une toilette à plusieurs et, souvent, sans accès à une cuisine. En groupes de 10 à 20 personnes par « café » ces femmes et hommes sont désormais contraints à se partager un espace très étroit, dans des chambres de moins d’une dizaine de mètres carrés.
Certains propriétaires de café continuent à leur servir des repas dans leur chambre. D’autres ont arrêté le service des cuisines, laissant les locataires livrés à eux-mêmes. Cette situation oblige ces travailleurs, gagnant pour la plupart que le salaire social minimum, de se procurer des repas à livraison ou à emporter, de cuisiner dans les chambres à coucher, avec tous les risques d’insalubrité et d’incendie associés. Or, les loyers versés par ces locataires constituent pour l’instant le seul revenu des nombreux cafetiers obligés à fermer leur commerce. Ils contribuent ainsi indirectement à leur survie.
Tous ces groupes de travailleurs précaires, certains ayant des droits au chômage partiel, d’autres non, sont souvent seuls sans famille au Luxembourg. Ils ne peuvent même pas envisager de la rejoindre au pays d’origine, compte tenu des restrictions de circulation entre pays.
Finalement n’oublions pas le groupe des personnes travaillant sans autorisation légale, surtout dans la restauration et la construction, et qui maintenant sont sans ressources et ne bénéficient d’aucun filet de protection sociale.
L’ASTI interpelle le Gouvernement à prendre les décisions nécessaires pour soutenir ces groupes de travailleurs précaires au Luxembourg :
- en considérant les groupes de locataires d’un même café/auberge comme un ménage. Ceci leur permettrait de fréquenter les espaces en commun des bâtiments (vu qu’ils se partagent déjà les toilettes) et de diminuer ainsi l’impact psychologique du confinement ;
- si à défaut de ne pouvoir utiliser la cuisine du commerce qui les abritent, de trouver une solution compatible avec leurs faibles revenus ;
- d’attribuer à tous les résidents au Luxembourg ayant travaillé au Luxembourg les 6 derniers mois précédent l’état d’urgence, l’accès au REVIS comme garantie minimale de survie en cas de chômage après la crise.
ASTI asbl
[1] https://igss.gouvernement.lu/fr/publications.html?q=Emploi