La proposition de Budget de l’État pour 2020, sans faire des questions du « Vivre ensemble » une priorité, laisse entrevoir des signaux positifs qu’il faudra confirmer dans la pratique. 

Tout d’abord, par la place que les politiques en matière d’intégration occupent parmi les priorités politiques du projet de budget : au-delà de la poursuite de la mise en place du Plan d’action national d’intégration, du développement des trois phases du Parcours d’intégration accompagné (PIA) et de l’adaptation du Contrat d’accueil et d’intégration, il y a lieu de souligner l’augmentation de l’apport national pour le co-financement de projets du fonds Asile, Migration et Intégration (AMIF) au sein des Ministères de la Famille et de l’Intégration et de l’Immigration. 

L’exercice budgétaire de l’année prochaine devrait voir naître le Département Intégration au sein du ministère du même nom, le Gouvernement voulant ainsi implanter une « politique d’intégration renforcée ». Les augmentations pour les instruments d’intégration (PAN, PIA, CAI – + 1.000.000€) et pour les conventions avec des associations œuvrant dans le domaine de l’intégration (+280.000€) sont plutôt modestes, compte tenu de l’enjeu. La ministre de la Famille a annoncé le projet de réalisation « d’études ensemble avec des centres de recherche publics et l’OCDE sur le thème de l’intégration, de l’exclusion sociale et de l’isolation de même que sur les flux des migrants après leur arrivée au Luxembourg afin de détecter d’éventuelles déficiences en termes d’intégration et afin de pouvoir y remédier ». Nous osons espérer que les résultats de ces études se traduiront rapidement par une efficacité accrue des politiques et un soutien plus substantiel aux initiatives de terrain qui fonctionnent. 

Un autre fait positif est que la rubrique budgétaire pour les subsides aux communes dédiés à des projets d’intégration et d’accueil, augmente de 100%, passant de 250.000€ en 2019 à 500.000€ en 2020. Une augmentation à poursuivre dans les prochains budgets, compte tenu du rôle capital des communes en matière de vivre ensemble au niveau local. 

Par contre, le Conseil national pour étrangers continue à être le parent pauvre des politiques d’intégration. Certes, il y a une augmentation du montant alloué pour les frais de fonctionnement, mais une augmentation anecdotique de 15.000€ à 20.000€ ne permettant aucune assise logistique de leur travail! 

En matière d’immigration et d’asile il y a des éléments positifs et d’autres qui sont incompréhensibles. S’il est louable de continuer à investir de façon significative dans l’amélioration des conditions d’accueil dans les structures d’hébergement pour réfugiés, il est en revanche difficilement compréhensible que l’État continue à dépenser davantage dans la Structure d’hébergement d’urgence au Kirchberg (SHUK) au lieu d’investir dans des alternatives à la rétention et dans la promotion des retours volontaires, voulus par les programmes de coalition de l’actuel et du précédant Gouvernements. 

Concernant le vivre ensemble, il y a encore lieu de signaler deux évolutions positives : l’augmentation de la dotation au profit du Centre pour l’égalité de traitement (+90.000€), même si ses missions et compétences devraient aussi être revues à la hausse, et l’accroissement du budget de fonctionnement du Centre pour la langue luxembourgeoise de 45.000€ à 433.000€. Nous osons espérer que celui-ci permettra de développer une vraie stratégie pour la promotion de la langue luxembourgeoise répondant aux besoins du terrain. Dommage que la promotion du multilinguisme indispensable à la cohésion sociale ne bénéficie pas des mêmes attentions budgétaires.

L’ASTI ne manquera pas de suivre la mise en pratique de ces dépenses budgétaires et d’évaluer les politiques d’accueil et d’intégration en faveur d’un meilleur vivre ensemble ! 

Le Conseil d’Administration de l’ASTI 

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