La proposition de Budget pour 2019 du 2ème Gouvernement Bettel/Schneider/Braz porte la marque de l’accord de coalition qui l’a précédé : peu d’ambitions sur le « Vivre ensemble ».

Du bon d’abord …

Le Gouvernement n’hésite pas à mettre la main à la poche pour l’encadrement – comme aussi le retour – des demandeurs de protection internationale. Il faut donc saluer les investissements prévus dans ce domaine, notamment dans la rénovation et la construction de structures d’hébergement.

Dans le domaine de l’intégration, il y a lieu de saluer la budgétisation du Plan d’action national d’intégration (PAN), même si les 2.553.000€ prévus dans le budget de l’État pour le PAN, le Contrat d’Accueil et d’Intégration (CAI) et le Parcours d’Intégration Accompagné (PIA) nous semblent largement insuffisants pour couvrir les besoins.

Très positive est l’augmentation substantielle du budget du « Zentrum fir politesch Bildung », qui passe de 400.000€ en 2018 à 975.000€ en 2019. L’investissement dans l’éducation civique et politique est crucial pour la qualité de notre démocratie.

Du trouble ensuite …

Tout d’abord par la modification de la méthodologie de présentation du Budget qui, comme le dit le texte du projet de loi lui même, « n’est plus directement comparable au Budget 2018 », à défaut d’être un spécialiste en finances publiques.

La transparence laisse aussi à désirer en matière de transferts des fonds de l’ancien Office Luxembourgeois de l’Accueil et de l’Intégration (OLAI) et du Haut-Commissariat à la Protection Nationale – jadis tous les deux compétents pour la prise en charge, l’entretien et l’encadrement des demandeurs de protection internationale – au futur Office National de l’Accueil (ONA) qui assumera dorénavant ces missions.

Très troublants sont les millions dépensés en frais de gardiennage dans le cadre de l’accueil des réfugiés : 22.262.689€ attribués au seul ONA à venir. Personne ne nie l’importance des questions de sécurité, mais nous nous étonnons qu’une telle somme soit dépensée que en frais gardiennage. Il est regrettable qu’un tel effort financier ne soit pas mis en place dans l’encadrement social et l’intégration des demandeurs de protection internationale, respectivement dans l’intégration en général au Luxembourg. Comparés aux 2.253.000€ prévus dans le Budget de l’État pour le PAN, le Contrat d’Accueil et d’Intégration (CAI) et le Parcours d’Intégration Accompagné (PIA), la somme prévue en frais de gardiennage dans le cadre de l’accueil des réfugiés  montre un budget plus soucieux des questions sécuritaires que du « Vivre ensemble » au Luxembourg. Or, une bonne connaissance du Luxembourg et un bon vivre ensemble sont davantage garants de la cohésion sociale.

Finalement ce qui manque …

La grande absente du 1er Budget de l’État après les élections législatives d’octobre 2018 est la langue luxembourgeoise. S’il est salutaire que l’argent prévu pour le cofinancement des cours de langues organisés par les communes passe de 225.000€ à 500.000€ il est incompréhensible que le budget du congé linguistique – exclusivement consacré à l’apprentissage pendant les heures de travail de la langue luxembourgeoise – soit diminué de 400.000€ à 250.000€ ! De pair avec les 25.000€ attribués au Commissaire à la langue luxembourgeoise et les 44.000€ au Centre pour le luxembourgeois, cette diminution laisse penser que toutes les déclarations d’amour à la langue luxembourgeoise observées pendant la campagne électorale relevaient plutôt du marketing que d’une vraie stratégie de promotion de la langue luxembourgeoise.

L’exemple le plus flagrant du manque de vraies intentions de la part du Gouvernement en matière de « Vivre ensemble , est le budget attribué au Conseil National pour Étrangers (CNE). Appelé par la Ministre de l’Intégration à réfléchir sur son avenir, le CNE doit fonctionner avec un budget annuel ridicule de 15.000€ sans véritable secrétariat et local – ce même montant lui ayant déjà été attribué l’année dernière. Espérons que le Parlement, notamment les députés qui clamaient haut et fort au Festival des Migrations, début mars, que le CNE devrait avoir plus de moyens, aient le courage des propos émis et introduisent des amendements à la proposition budgétaire du Gouvernement !

Le Conseil d’Administration de l’ASTI

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