Cette année, le Luxembourg fête les 100 ans du droit de vote universel. En 1919, les femmes et les ouvriers ont enfin eu le droit de décider eux-mêmes de leur destin. Ainsi la vie démocratique du Luxembourg faisait en 1919 un grand bond en avant, en accordant non seulement le droit de vote aux femmes, mais aussi à tous les Luxembourgeois, indépendamment de leur fortune.

Une transformation sociale et sociétale s’en est suivie, puisque les intérêts particuliers des femmes et des ouvriers – largement ignorés auparavant – ont commencé à être pris en compte, hélas sans faire disparaître les discriminations de genre ou le taux de pauvreté au Luxembourg. L’élargissement du corps électoral a eu comme conséquence la paix et la cohésion sociale.

Entretemps, les transformations démographiques profondes que le pays a connu notamment ces dernières décennies, ont fait que la situation s’est pourtant à nouveau dégradée. La population a doublé en l’espace d’un siècle, ce qui a d’ailleurs largement contribué à l’essor du Grand-Duché. Le nombre des résidents étrangers est passé en 100 ans de 3.000 à près de 300.000, sans parler des quelques 200.000 frontaliers qui viennent chaque jour travailler chez nous. Les résidents étrangers représentent à ce jour 47,5% de la population habitant au Luxembourg. En 2019, sur 4 personnes qui travaillent, donc qui font la richesse de notre pays, 1 est luxembourgeois, 1 est résident étranger et 2 sont frontaliers.

Vu cette situation démographique très particulière du Luxembourg, les célébrations des 100 ans du suffrage universel doivent évidemment fêter le grand bond démocratique de l’époque, mais elles doivent aussi être l’occasion de nous questionner sur le chemin qui reste à faire :

Quelle démocratie voulons-nous, Luxembourgeois et étrangers, dans un pays avec une démographie comme la nôtre ? Est-ce que l’électorat actuel est le reflet de la réalité quotidienne du Luxembourg ? Pouvons-nous toujours parler d’un « suffrage universel » sans pâlir ? Ou est-ce que 100 ans après, nous sommes à nouveau loin de l’idéal d’un suffrage universel au Luxembourg ?

Aujourd’hui, 47,5% des membres de notre société n’ont pas de voix lorsque les décisions politiques les plus importantes sont prises. Il s’agit des nombreux jeunes, femmes, personnes moins bien loties qui, entre autres du fait de leur nationalité, sont écartés de la désignation de leurs représentants lors de la composition de la Chambre des Députés. L’ASTI, dénonce ce déficit démocratique qui crée un déphasage entre les aspirations de toute la population et l’action publique.

Nous tous vivons, travaillons et devons pouvoir décider ensemble. Tout citoyen doit pouvoir influencer l’avenir du pays par son vote aux élections nationales.

L’ASTI continuera à s’engager dans ce sens, indépendamment des considérations politiques électoralistes ou partisanes. Il y va de notre avenir commun et de notre cohésion sociale

Le conseil d’administration de l’ASTI asbl.

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