COMMUNIQUE DE PRESSE

Le détournement de fonds au détriment d’un des acteurs majeurs de l’action sociale au Luxembourg constitue sans doute le délit financier le plus grave jamais perpétré au Luxembourg à l’encontre d’une entité locale. Il mérite toute notre attention.

  • La fragilité de la gouvernance parmi un certain nombre d’acteurs issus de la société civile est avérée. Si les défaillances récentes ont attiré l’attention du public, il convient de souligner qu’elles demeurent exceptionnelles et que la plupart des structures sont robustes et bien gérées.
  • L’action sociale bénéficie d’un financement mixte. Les deniers publics ont remplacé les actions de charité de la société bourgeoise. L’autre partie des fonds nécessaires provient de la société civile : cotisations, dons, legs, subventions ponctuelles, mécénat. Ces deux versants du financement sont complémentaires et indispensables à l’heure actuelle.
  • Qu’on soit d’accord ou non avec l’orientation confessionnelle de Caritas, force est de reconnaitre que celle-ci fut à maintes reprises la voix de l’empathie, de la compréhension, de la critique de la violence administrative, du « care » pour rester dans une terminologie proche de l’étymologie de son nom.

Le détournement de 61 millions d’euros sonne le glas de la structure. Il donne également le coup de grâce à la dernière présence de l’église catholique dans une structure à vocation sociale de quelque importance. Partant, quelle évolution constatons-nous actuellement ?

  • Le pouvoir exécutif prend la relève de la participation de l’église. Il le fait à toute vitesse, en mettant en place des organes de surveillance, issus non de la société civile mais d’acteurs, pour la plupart économiques et proches du périmètre gouvernemental.
  • Le chef de l’exécutif déclare, d’une part, que Caritas n’est pas l’État et joue, par ailleurs, un rôle déterminant dans la mise en place hâtive d’une structure de remplacement dédiée et lui tributaire qui porte le nom biscornu de HUT.
  • Cette manœuvre permet deux choses. En premier lieu, elle entend légitimer la notion que les acteurs sociaux ne sont que des « prestataires de services ». Elle entend également réguler et contrôler la communication (hors de celle du parquet qu’on attend avec impatience) et éviter tout « dérapage ».

Dès lors et en l’absence de réactions allant au-delà des banalités convenues du monde politique, il faut prendre garde et faire preuve de vigilance. Ces prolongements d’un acte de haute délinquance financière nous amènent sur une pente qui risque, elle, de provoquer des dérapages non-démocratiques difficilement contrôlables. Pour les ONGs comme pour le grand public, il faut faire front commun pour éviter la poursuite d’une évolution non-désirable.

Chacun, gouvernement compris, doit prendre conscience de l’importance qu’occupe et doit continuer à occuper, la société civile comme garant essentiel de la stabilité et de la richesse de nos démocraties. Ses valeurs méritent d’être protégées quoiqu’il arrive.

ASTI asbl

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