Pour les demandeurs de protection internationale arabophones et ceux qui les accueillent

Le Grand-Duché connaît un important afflux de réfugiés depuis l’été 2015, venant notamment de zones de conflits en pays arabes. La société luxembourgeoise y a répondu par un élan de solidarité, qui s’est déclenché spontanément en réplique à l’énorme détresse qui frappe des millions de personnes fuyant ces situations de crise et de guerre.

Les demandeurs de protection internationale, une fois au Luxembourg, ont certes gagné la sécurité physique, mais ils ont encore un long chemin devant eux avant de renouer avec une forme de normalité. La première étape vers une intégration réussie dans notre pays est sans conteste l’apprentissage des langues. Elles leurs permettent de communiquer, de comprendre la société qui les accueille, d’échanger et d’accéder au monde du travail.

De nombreux bénévoles assurent ainsi des cours de langues pour réfugiés. C’est dans ce contexte qu’est née l’initiative d’un dictionnaire élémentaire français-arabe-luxembourgeois, à travers le projet Ma’an, Zesummen, Ensemble mis en œuvre par l’ASTI et soutenu par l’Œuvre nationale de secours Grande-Duchesse Charlotte. Le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse a assuré la mise en page et assumé les frais d’impression.

Le dictionnaire trilingue est conçu comme un outil pour permettre aux apprenants arabophones de poursuivre leur apprentissage du français de façon autonome, tout en se familiarisant avec le luxembourgeois.

Il s’adresse donc aux demandeurs de protection internationale, mais aussi aux nombreux bénévoles et enseignants qui leur dispensent des cours de langue.

 

Plus qu’un dictionnaire, un pont culturel

L’idée de rédiger un dictionnaire s’est imposée au fil des cours d’alphabétisation dispensés par l’ASTI aux demandeurs de protection internationale. La présence d’un interprète bénévole permet aux apprenants d’apprendre le sens arabe des mots français utilisés dans le cours et de comprendre les consignes et les explications. Il leur manquait pourtant un répertoire de mots pour continuer à apprendre de façon autonome, à essayer de formuler des phrases, à étudier seuls ou en groupe.

Faute de trouver un dictionnaire abordable sur le marché, trois collaborateurs bénévoles de l’ASTI qui enseignent dans les cours d’alphabétisation – Jeanne Steinmetzer, Siggy Koenig et Ghassen Hbari –, se sont donc attelés à la rédaction d’un ouvrage adapté aux besoins de leurs apprenants. Le dictionnaire français-arabe-luxembourgeois  propose une traduction en français, mais aussi en luxembourgeois pour une large sélection de mots en arabe.

Plus qu’un lexique, il est un pont culturel entre la population du Luxembourg et les nouveaux arrivants arabophones appelés à enrichir notre société de leur humanité.

Dans le cadre du projet « Ma’an, Zesummen, Ensemble » de l’ASTI

Le dictionnaire a été élaboré dans le cadre du projet d’apprentissage des langues Ma’an, Zesummen, Ensemble mis en œuvre par l’Association de soutien aux travailleurs immigrés (ASTI) pour développer une stratégie permettant de rendre les réfugiés que notre pays a accueillis « opérationnels » le plus rapidement possible. Il s’agit d’éviter qu’ils ne restent isolés dans leurs communautés et qu’ils ne s’installent dans la dépendance.

Suivant les recommandations émises par l’Agence pour le développement de l’emploi (ADEM), la première langue que les réfugiés apprennent dans le cadre de ce projet est le français. Pour ce faire, ils doivent connaître l’alphabet, être à même de déchiffrer des mots et avoir une idée de la construction grammaticale des phrases. Tout cela est significativement différent de l’arabe. Par conséquent, avant de démarrer avec un apprentissage du français proprement dit, il est préférable de commencer par une phase d’alphabétisation qui évidemment, doit avoir lieu dans le contexte d’une langue, en l’occurrence le français.

Le projet Ma’an, Zesummen, Ensemble est structuré en 4 étapes successives : alphabétisation, français intensif A1, français intensif A2 et français intensif B1.

Ma’an, Zesummen, Ensemble est suivi par le programme Connections, également élaboré par l’ASTI, qui prépare les participants au monde du travail. Les deux programmes sont financés par le programme Mateneen de l’Œuvre nationale de secours Grand-Duchesse Charlotte.

Avec le soutien de l’Œuvre nationale de secours Grande-Duchesse Charlotte

Dans le cadre de son appel à projets Mateneen, qui s’inscrit dans l’effort du Luxembourg et notamment de sa société civile d’accueillir et d’intégrer les demandeurs et bénéficiaires de protection internationale, l’Œuvre nationale de secours Grande-Duchesse Charlotte a entre autres encouragé les initiatives qui permettront aux réfugiés de maîtriser une des langues du pays, alors que leur intégration repose essentiellement sur leur capacité de communication et d’échange avec la population résidente.

Plus d’informations sur http://www.oeuvre.lu/mateneen/

1 590 mots pour mieux se comprendre

Le dictionnaire élémentaire français-arabe-luxembourgeois comprend 1 590 mots français traduits en arabe standard et en luxembourgeois.

Il possède deux entrées :

  • Le volet « compréhension »

La première partie de l’ouvrage part des mots français auxquels un apprenant arabophone peut être confronté. À côté de la traduction arabe du terme, il trouvera le terme correspondant en luxembourgeois. L’expérience des cours de langues montre que les réfugiés sont désireux d’apprendre des mots luxembourgeois pour pouvoir communiquer avec leur entourage et lui témoigner ainsi leur respect.

  • Le volet « expression »

La seconde partie de l’ouvrage part des mots arabes et offre une traduction en français et en luxembourgeois. Souvent des mots ont plusieurs significations et l’apprenant ne sait pas laquelle a été retenue. Dans ce dictionnaire, une seule signification est retenue ; cela est possible en croisant la signification française du mot « addition » p.ex. avec la signification luxembourgeoise.

La sélection des 1 590 mots retenus est basée sur un répertoire du ministère de l’Éducation nationale français, établi suivant une étude lexicologique sur la fréquence des mots. Certains termes jugés trop liés au monde des écoliers ont été éliminés et remplacés par des termes intéressant plutôt les adultes qui vont vivre ensemble dans notre pays. Il s’agit de mots liés à la politique, à l’administration luxembourgeoise, à la vie quotidienne et à la compréhension interculturelle.

Ce dictionnaire est en premier lieu une aide à l’apprentissage du français. La partie centrale comprend donc aussi un aperçu des conjugaisons, des pronoms, des prépositions, des nombres, etc. Il se veut aussi pratique moyennant une partie « communication » dans les situations les plus courantes de la vie quotidienne des réfugiés.

Le dictionnaire explique aussi brièvement comment fonctionne la langue arabe.

Les mots inscrits en luxembourgeois sont suivis d’une transcription lettre par lettre du mot arabe. Celle-ci pourra intéresser des lecteurs non-arabophones puisqu’elle permet de prononcer un mot en arabe standard sans connaître l’alphabet arabe.

Afin de permettre aux apprenants de répéter ou de s’initier seuls à la prononciation tant des mots français que des mots luxembourgeois, et à tout le monde de s’initier à la prononciation de mots arabes, l’ASTI fournit un enregistrement audio sur son site internet (voir plus bas).

Le dictionnaire vient ainsi en aide à tous ceux qui sont disposés à construire des ponts entre deux mondes très différents l’un de l’autre, mais qui doivent apprendre à se connaître et à se comprendre.

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